« Sirène » : c’est le nom du dernier disque d’Anna Prohaska. Nous voici donc prévenus : il faudra le sang-froid d’Ulysse pour ne pas succomber au charme et à la voix de cette jeune cantatrice viennoise, dont la carrière, loin des profondeurs maritimes, s’est placée d’emblée sur des cimes internationales. Précisons que la soprano, est, si l’on ose dire, tombée dans les sommets dès le berceau – son aïeul Carl était compositeur et l’ami de Brahms, son grand-père Félix éminent chef d’orchestre. Héritage qu’honore la jeune Anna depuis des débuts éblouissants au Komische Oper en 2002. Un solide répertoire forgé en troupe à Berlin lui permet de naviguer aussi aisément dans le répertoire baroque que dans celui de la création contemporaine, ou en récital aux côtés des plus grands : Jacobs, Rattle, Barenboïm, Pollini… N’en jetez plus !
On ne manquera donc pas l’occasion qui se fera sans doute rare de l’entendre dans l’écrin intime de l’Opéra de Lille, où elle s’est entourée de musiciens de haute volée – la violoniste Veronika Eberle révélée en 2006 au Festival de Pâques de Salzbourg, Pascal Moraguès, passeur de la grande école française de clarinette. Un programme qui s’affranchit des limites du récital grâce à quelques invités supplémentaires, et s’offre le luxe de géométries variables pour combler les amoureux de la voix autant ceux des cordes… Avant de s’achever par le somptueux Octuor de Schubert. On appelle cela « le bon plaisir ».
Avec
Anna Prohaska soprano
Veronika Eberle, Malin Broman violons
Danusha Waskiewicz alto
Quirine Viersen violoncelle
Rick Stotijn contrebasse
Pascal Moraguès clarinette
Radovan Vlatkovic cor
Marco Postinghel basson