Enfant chéri de la danse contemporaine, Sidi Larbi Cherkaoui accomplit un parcours sans faute en restant fidèle à ses utopies artistiques qui nourrissent sa créativité. Il y a quelque chose de fascinant dans sa façon de combattre les idées reçues et d’aborder le monde en termes absolus, dans son exigence formelle pour philosopher avec le corps, dans sa visée intimiste qui rejoint une ambition universelle. On respire chez lui un autre air, celui d’un monde qui ne s’arrête pas aux frontières de la scène. Comme son titre l’indique, cette nouvelle création entre en résonance avec le récit biblique fondateur de la division entre les peuples. Pour punir les hommes de vouloir construire une tour qui s’élève jusqu’aux cieux, Dieu interpose entre eux la diversité des langues et la confusion qui va avec. Babel (words) part d’une supposition : que serait-il advenu si les hommes n’avaient pas échoué dans leur folle entreprise ?

Le spectacle réunit une équipe cosmopolite de treize danseurs originaires des quatre coins de la planète ainsi que d’excellents musiciens italiens (dont la chanteuse Patrizia Bovi), japonais et indiens. Avec son complice Damien Jalet, Sidi Larbi Cherkaoui capte les mouvements qu’impriment entre les personnages les intermittences du désir, l’algèbre mystérieux des passions et leur quête perpétuelle d’une harmonie multiculturelle.