C’est une soirée tout en élégance et en émotions que propose le Ballet de l’Opéra de Lyon.
L’occasion de retrouver les fulgurances du chorégraphe tchèque Jiří Kylián au sommet de sa puissance créative.
En 1988, le premier livrait une création en noir et blanc, No more play, sur la musique d’Anton Webern, où les danseurs, sur des plateaux décalés, sont les pièces rebelles d’un jeu aux règles étranges.
Deux ans plus tard, il offrait au festival de Salzbourg une Petite Mort sur les concertos pour piano de Mozart, laissant six couples se faire et se défaire, tour à tour tendres et belliqueux, jusqu’à l’instant insaisissable et ultime… À ces deux sommets du ballet du XXe siècle viendra répondre une pièce de 1985 de William Forsythe, Steptext.
A propos de Steptext :
« Le vocabulaire n’est pas, ne sera jamais vieux. C’est l’écriture qui peut dater ». Ce que Forsythe dit du ballet académique peut se retrouver transposé dans son travail : ce n’est pas d’ajouter à la danse un catalogue de pas (step) qui l’intéresse, mais bien d’en faire un discours (text) trouvant sa cohérence et sa nouveauté dans une syntaxe. Ses goûts musicaux ne vont ni à l’anecdotique, ni à l’anodin : Lukas Foss, Henze, Penderecki pour les contemporains, Bach, Dvorak, Haendel, Mahler pour les autres ne peuvent se faire oublier en fond de chorégraphie. En concentrant pour Steptext le matériau chorégraphique et musical d’Artifact, Forsythe produit à l’évidence une œuvre prégnante, construite et dans le temps et dans l’espace, une œuvre dense et tendue qui joue sur une dialectique non pesante entre les échanges très rapides d’apparition / Disparition en combinaisons chaque fois nouvelles des quatre personnages (un + trois plus exactement) et la fragmentation de la musique ; les éclipses d’une partie des protagonistes donnent vie à la chorégraphie et, paradoxalement, continuité, les ruptures dans le discours musical empêchent l’auditeur de se complaire dans les délices de reconnaissance d’une œuvre beaucoup entendue.
Créée en janvier 1985 par l’Aterballetto, à Reggio Emilia, Italie
Entrée au répertoire du Ballet de l’Opéra le 15 mars 1987
Petite Mort (1991)
Jiří Kylián chorégraphie et décors
Wolfgang Amadeus Mozart musique
Adagio : extrait du Concerto pour piano n°23 en la majeur, K.488,
Andante : extrait du Concerto pour piano n°21 en ut majeur, K.467
Joke Visser costumes
Jiří Kylián (conception), Joop Caboort (réalisation), Kees Tjebbes (re-conception) lumières
No More Play (1988)
Jiří Kylián chorégraphie, décors et costumes
Anton Webern musique
Cinq mouvements pour quatuor à cordes, op. 5
Joop Caboort lumières
Steptext (1985)
William Forsythe chorégraphie, décor, costumes, lumières
Jean-Sébastien Bach musique, partita pour violon seul n°2 en ré mineur BWV 1004
Pièce pour 4 danseurs
Production Ballet de l’Opéra de Lyon
Avec le soutien d’Air France, Mécène associé