opéra de lille

Artisan au début du XX^e siècle d’une modernité transcendée par ses élèves Berg et Webern, Schoenberg se pose d’abord comme grand héritier de la musique romantique viennoise. La grisante densité de sa musique pleine de sentiments exaltés, en particulier dans sa musique de chambre, le place en digne successeur des derniers quatuors de Beethoven et de Brahms.

Deux concerts, les 27 mars et 4 avril, lui sont consacrés avec un ensemble de pièces remarquables. Pierrot Lunaire est composé en 1912 sur un cycle de 21 poèmes qui, à travers un Pierrot tragique et dérisoire, rejoignent les interrogations métaphysiques du compositeur, ou sa critique de la bourgeoisie et d’une culture esthétisante. Toutefois c’est la forme plus que le texte qui intéresse Schoenberg. La forte particularité de cette œuvre est l’utilisation du parlé-chanté pour la voix, qui traduit les poèmes de façon ironique. Alda Caeillo en est l’une des grandes interprètes reconnues notamment à Vienne. Elle est accompagnée d’un ensemble original de cinq instruments (flûte, clarinette, piano, violon et alto, violoncelle) qui lui donne un petit air cabaret – « un cabaret supérieur » dira Boulez. Alors que Schoenberg insistait sur le caractère léger et satirique, Pierrot Lunaire est devenu son œuvre la plus représentative. Ce Pierrot sera précédé du rare arrangement par Webern de la Symphonie de chambre pour quintette avec piano, qui dévoile de manière éclatante la profonde puissance musicale de cette œuvre.

Déjà venu en 2006 et en 2009, l’excellent Quatuor Prazak se caractérise par une interprétation fougueuse, conduisant son exécution sur le fil. Ils sont également doués d’un impératif besoin de communiquer leur art au public. Une grande soirée s’annonce.