Le quatuor catalan Casals réunit dans l’arène lilloise deux œuvres tardives des « collègues » viennois de Mozart, dans lesquelles la sagesse de l’âge s’exprime tout autant que le désir permanent de nouveauté.
Joseph Haydn est considéré comme le père du quatuor à cordes classique ; c’est lui qui en assoit la forme et lui donne ses lettres de noblesse. Après une soixantaine de compositions dans ce genre musical, il continue de briller grâce à son inépuisable inventivité ; son opus 76, qui sera son dernier cycle de six quatuors, le montre au sommet de son art. Ainsi, le no 5 révèle un formidable raffinement harmonique et rythmique, une écriture fluide et un Largo d’une intensité émotionnelle inhabituelle.
À la fin de sa vie et déjà totalement sourd, Ludwig van Beethoven explore lui aussi les limites du quatuor à cordes. Avec sa structure atypique en six mouvements, ses ruptures rythmiques et ses couleurs contrastées, son opus 130 figure parmi les œuvres les plus audacieuses du répertoire. D’ailleurs, la monumentale Grande Fugue qui le terminait à l’origine fut jugée trop avant-gardiste en son temps et remplacée par un Finale plus léger. Publiée séparément sous le numéro d’opus 133, elle sera donnée en clôture de ce programme.
Entre ces deux sommets du classicisme viennois, Joaquín Turina nous propose un détour par le Sud de l’Espagne. D’abord écrite pour un quatuor de luths, sa Prière du torero mêle des influences impressionnistes au langage musical de son Andalousie natale. La pièce, toute en nuances, évoque ce moment de tension et d’exaltation où le toréador se recueille avant d’aller au combat devant la foule des aficionados…
Joseph Haydn (1732-1809)
Quatuor à cordes en ré majeur, op. 76, no 5 (1797)
Joaquín Turina (1882-1949)
La oración del torero (1925)
Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Quatuor à cordes no 13 en si bémol majeur, op. 130 (1825)
Grande Fugue en si bémol majeur, op. 133 (1825)
Avec
Cuarteto Casals
Vera Martínez Mehner violon
Abel Tomàs violon
Jonathan Brown alto
Arnau Tomàs violoncelle