Liebestod, littéralement « mort d’amour », renvoie au célèbre final de l’opéra Tristan et Isolde de Richard Wagner. Dans cette scène tragique, Isolde s’éteint face au corps inanimé de Tristan. Le terme évoque plus globalement à l’idée radicale d’un amour rendu parfait par la mort.
Obsédé depuis longtemps par la légende de Tristan et Isolde, Olivier Messiaen compose en 1945 un cycle intitulé Harawi, inspiré des chants d’amour quechuas du même nom, qui se terminent invariablement par la mort des deux amants. Il y voit des similitudes avec le Liebestod de Wagner, alors que lui-même se trouve affecté par la maladie de son épouse. Sur une musique hypnotisante, Messiaen mêle folklore des Andes et poésie surréaliste pour exprimer la destinée, cruelle et sublime, de l’amour au-delà de la mort. Les sept premiers chants célèbrent le bonheur du couple, que la disparition de l’homme vient interrompre. Les cinq suivants décrivent la douleur folle de Piroutcha qui lui survit.
Avec le cycle Shéhérazade, Maurice Ravel projette lui aussi des représentations extrêmes de l’amour sur une culture lointaine. Ses trois mélodies évoquent la sensualité envoûtante et la passion impossible dans un Orient fantasmé.
Richard Wagner (1813-1883) / Franz Liszt (1811-1886)
Isoldens Liebestod, extr. de Tristan et Isolde, arr. pour piano (1867)
Maurice Ravel (1875-1937)
Shéhérazade (1903)
Olivier Messiaen (1908-1992)
Harawi (1945)
Avec
Rachael Wilson, Katia Ledoux mezzo-soprano
Virgine Déjos piano