Lorsque Haydn a écrit son Trio n°39, il n’en était pas vraiment à son coup d’essai. Restée célèbre pour son troisième mouvement endiablé et les fabuleuses couleurs tziganes de son Rondo à la hongroise, la pièce date du second voyage à Londres de Haydn, étape de pleine maturité du compositeur. Le Trio n°39 est désormais inscrit au panthéon de ce répertoire magnifique pour violon, violoncelle et piano que l’Opéra de Lille a commencé à explorer avec le Beaux Arts Trio en 2007-2008.

Autre formation prestigieuse, le Jerusalem Trio s’est formé en 1989 au sein du Music Centre de Jérusalem, établissement d’excellence fondé par Isaac Stern où les musiciens israéliens les plus talentueux côtoient les grands maîtres internationaux. L’ensemble a atteint un niveau de complicité entre les instrumentistes qui leur permet d’interpréter avec un mélange unique d’intimité et de flamboyance des compositions à la finesse élégiaque comme le Trio n°2 de Mendelssohn. Leur programme fera également entendre ce qui demeure leur œuvre de prédilection : le poignant Trio n°2 de Chostakovitch. Avec son Scherzo à la joie un peu forcée, son glas dépouillé et implacable, son majestueux choral final, la partition élabore une alternance virtuose des humeurs. Les mouvements musicaux figurent une danse macabre d’une mélancolie déchirante, qui fut d’ailleurs interprétée lors des funérailles du compositeur.