opéra de lille

LA CRÉATION [DIE SCHÖPFUNG]

« Au commencement, Dieu créa les cieux et la terre » …

Il ne faut pas avoir froid aux yeux pour oser mettre en musique un monument religieux et littéraire comme La Genèse. Quand il se lance ce défi musical et spirituel, Haydn a 65 ans. Il compte parmi ses succès pas moins d’une centaine de symphonies, de quatuors et d’opéras qui font de lui le musicien vivant le plus estimé. Autant dire qu’il n’a pas grand chose à prouver. Mais c’est plus fort que lui : il s’est mis en tête de se surpasser avec un oratorio en forme d’apothéose. Composée entre 1796 et 1798, La Création prend ses aises avec la rigueur liturgique et transcende la pieuse célébration des chapitres un et deux de la Bible pour faire rayonner l’esprit du Siècle des Lumières. Le souffle incantatoire de Haydn est tout à la gloire de l’homme, celui qui fait triompher les idées et le progrès. Ce passage de flambeau du XVIII^e au XIX^e siècle s’accomplit aussi et surtout sur le plan musical : les ­premières lueurs du romantisme se mêlent aux derniers éclats du classicisme, voire de la musique baroque. Haydn ne s’est en effet toujours pas remis du choc qu’a été pour lui la découverte des grands oratorios anglais de Haendel interprétés par les fameuses sociétés chorales londoniennes.

C’est en connaissance de cause ­qu’Emmanuelle Haïm jette son dévolu sur ce chef-d’œuvre définitif. Pour l’occasion, les forces musicales de son ensemble, Le Concert d’Astrée, s’associent à Camilla Tilling et Christopher Purves, des solistes à la prestance lyrique flamboyante.