opéra de lille

« Le compositeur ne doit pas vivre à l’écart mais cultiver une sorte de civisme musical et ne pas s’enfermer pour réfléchir sur l’art ». Cette aspiration conduit Ralph Vaughan Williams à l’établissement d’un style moderne typiquement anglais. En visitant un patrimoine musical éclectique, des formes anciennes aux chansons folkloriques, son œuvre composée dans la première moitié du XX^e siècle a permis l’épanouissement d’une nouvelle génération de musiciens britanniques avec Britten comme chef de file. L’« âme anglaise » qui nourrit son univers artistique est également fortement éprise d’une littérature tournée vers le grand large à la Joseph Conrad. Dans les années 1920, il entreprend ainsi d’écrire une musique de scène pour un drame en un acte de l’Irlandais John Millington Synge : Riders to the sea. Inspirée par l’univers âpre des îles d’Aran, au large de la côte Atlantique de l’Irlande, la pièce restitue avec une intensité extrême la vie des pêcheurs, leur langue, leur relation aux éléments, leur façon de faire face à la tragédie. L’histoire s’ouvre sur l’insondable désarroi des deux filles de la vieille Maurya, Cathleen et Nora. Un corps vient d’être repêché dans le nord : les vêtements qu’il porte ne seraient-ils pas ceux de leur frère Michael, récemment disparu en mer.

La mise en scène ciselée et épurée de Christian Gangneron va à l’essentiel de ce drame de la mort et de la mer. Placée sous la direction musicale de Jean-Luc Tingaud, l’œuvre est judicieusement précédée de Songs of travel, cycle de neuf mélodies pour baryton que Vaughan Williams a composées sur des poèmes de Robert-Louis Stevenson.