opéra de lille

Faisons confiance à Alain Platel : quoi qu’il nous annonce aujourd’hui, il nous livrera autre chose, puisque, et c’est heureux, le chemin l’intéressera toujours plus que la destination. Après l’avoir retrouvé aux côtés de danseurs de Ramallah, croisé dans le dancing mélo et transgenre de Gardenia, après l’avoir vu faire voyager Bach dans les favelas brésiliennes et mêler baroque européen et percussions de Kinshasa dans Coup Fatal, on le suivrait volontiers les yeux fermés… Pour peu qu’on ait le droit de les ouvrir et de contempler les formidables danseurs des Ballets C de la B. Cette fois, c’est sur les traces de l’Europe somnambule du début du XX^e siècle que Platel part à l’aventure, en s’appuyant sur l’essai de Philipp Blom, The Vertigo Years, qui raconte l’escalade vers la première guerre mondiale, trouble période où « la certitude était devenue une denrée rare. » Réunissant lieder de Mahler, polyphonies congolaises, paysages sonores de Steven Prengels et une scénographie de la sculptrice gantoise Berlinde de Bruyckere, Alain Platel, entouré des collaborateurs fidèles de ses productions précédentes, remonte ainsi le temps pour raconter les incertitudes d’hier – et, si nous n’étions sûrs que d’une chose, c’est qu’on tient là un palpitant Projet.