opéra de lille

Comme toujours chez Anne Teresa De Keersmaeker, la musique est première. Sa nouvelle création imagine ainsi une suite au dialogue poétique qu’elle a amorcé avec l’ars subtilior dans son précédent spectacle, En atendant, présenté à l’Opéra de Lille en novembre 2010. Avec cette musique au raffinement extrême, Anne Teresa De Keersmaeker magnétise de l’intérieur les mouvements et les gestes de ses danseurs. Sans fard ni artifice, le rythme des corps s’approprie ces polyphonies d’un autre temps, aussi délicates qu’énigmatiques. Une part de mystère enveloppe les moments d’immobilité groupée, les étreintes éphémères, les élans brisés en plein vol et la subtile intensité des jeux de regards. La virtuosité des musiciens et la souveraine maîtrise technique des danseurs éblouissent à la manière des cathédrales gothiques, sans autre éclairage que celui du crépuscule.

Pour ce second volet, créé en juillet 2011 au Festival d’Avignon, la chorégraphe belge choisit cette fois la lumière de l’aube, ses promesses de renouveau et les couleurs du monde qu’elle dévoile. Son écriture affectionne les états transitoires qui favorisent une forme de méditation sur la vie et la quête qu’elle suppose. Avec le directeur musical Björn Schmelzer et les chanteurs de l’ensemble de musique ancienne Graindelavoix, Anne Teresa De Keersmaeker élabore un art qui s’adresse au cœur, à l’âme et à l’esprit en faisant advenir des émotions à l’état brut. Comme elle le revendique, il suffit de peu de choses pour atteindre la grâce : une note, un pas, une voix, un danseur.