opéra de lille

Qui est Agrippine ? Une femme du monde éprise de domination ? Une épouse asphyxiante ? Une maîtresse machiavélique ? Une mère manipulatrice ? Tout ça à la fois, bien sûr !

Apprenant la mort de son mari l’empereur Claude, elle fait feu de toute machination pour installer son fils Néron sur le trône. Alors que l’affaire semble rondement menée, coup de théâtre : Claude est de retour. Son lieutenant Othon lui a sauvé la vie et a reçu la succession impériale en récompense. Perdue, Agrippine ? Pas sûr… Les rebondissements et les quiproquos vaudevillesques filent bon train dans ce thriller lyrique tragi-comique. Ces télescopages de registres et ces accélérations de l’intrigue ne sont d’ailleurs pas pour déplaire au fin shakespearien qu’est le metteur en scène Jean-Yves Ruf. Les courtisans influencent les têtes couronnées, le pouvoir est gouverné par les passions et au bout du compte il n’y a pas un personnage pour racheter l’autre.

Premier chef-d’œuvre de Haendel composé à 24 ans, Agrippine marque la fin de ses années d’apprentissage en Italie (de 1706 à 1709) et le début de son triomphe dans toute l’Europe. L’ingéniosité de l’action est relayée par une vitalité rythmique et une richesse mélodique virevoltantes. La musique se déploie avec grandeur et élégance en faisant advenir des airs de très haut vol interprétés, dans cette production, par de jeunes talents et des compagnons de route d’Emmanuelle Haïm comme Renata Pokupic ou Sonya Yoncheva, que l’on retrouvera en mars 2012 à l’Opéra de Lille dans Le Couronnement de Poppée de Monteverdi.