opéra de lille

Sur la cartographie de la danse contemporaine, Alain Buffard occupe aujourd’hui une place prépondérante. Initié à la fin des années 1990, son travail de chorégraphe est unanimement reconnu dès son deuxième solo, Good Boy, pièce manifeste qui « trafique avec la maladie et la fragilité du corps ».

S’y dessine un fil rouge qui réapparaît dans la plupart de ses spectacles : la mise en scène charnelle, sexuelle et politique du corps hors des représentations convenues. Avec Alain Buffard, l’hégémonie de la norme est sur la sellette. Il dénature les silhouettes avec des prothèses, dissout les repères entre féminité et masculinité, dénonce les mécanismes d’aliénation et d’assujettissement du corps social. Le tout avec un humour corrosif qui flirte avec le grotesque. Ce n’est pas Baron samedi, sa nouvelle création, qui trahira cette orientation expressionniste et délurée. Le titre fait référence à un esprit vaudou qui assure le passage de la vie à la mort. Il est connu pour s’inviter aux cérémonies qu’il prend un malin plaisir à perturber avec des danses lascives et un art bien à lui de la transgression. Les renversements de valeurs sont également à l’œuvre dans les Songs de Kurt Weill que le spectacle d’Alain Buffard s’approprie librement. Fidèle à son habitude de renvoyer en coulisses tout préjugé culturel, le chorégraphe fait monter sur scène avec une jubilation non dissimulée la cohorte de mauvais garçons et de drôles de dames qui peuplent les opéras de Kurt Weill. Baron samedi est présenté à l’Opéra de Lille dans le cadre d’une collaboration exceptionnelle avec Latitudes Contemporaines, festival dont Alain Buffard est un invité régulier depuis plusieurs années.