opéra de lille

Visionnaires, précurseurs, esprits éclairés : la nouveauté radicale qu’ils brandissent aura toujours besoin de quelques années pour devenir indiscutable. Ainsi la Grande Fugue op.133, l’une des œuvres ultimes de Beethoven, aura dû attendre le début XX^e siècle pour être reconnue comme un chef-d’œuvre. Plus près de nous, Maguy Marin, Anne Teresa De Keersmaeker et Lucinda Childs ont d’abord laissé grand nombre de leurs spectateurs perplexes, avec des pièces devenues aujourd’hui des classiques du répertoire de la danse contemporaine. Sous l’égide du Ballet de l’Opéra de Lyon, ces fulgurances et ces audaces se trouvent exceptionnellement réunies, puisque ces trois chorégraphes majeures se confrontent, chacune à sa façon, à la monumentale Fugue. Créée en 2001, Grosse Fugue est, dans le travail de Maguy Marin, une pierre angulaire des rapports complexes entre musique classique et danse contemporaine, tourbillon de vie qui devient course saisissante contre la mort. Dans Die Grosse Fuge, créée en 1992, Anne Teresa de Keersmaeker, maîtresse des géométries, compose pour sa part une structure qui rejoint les phrases et les contrepoints du quatuor beethovénien. Enfin, à la demande du Ballet de Lyon, l’américaine Lucinda Childs, complice historique de Philip Glass et Robert Wilson, apporte une nouvelle pierre à cet imposant édifice, transcrit ici pour un orchestre de cordes, avec une création pour douze danseurs du Ballet répartis en six couples.