Si la postérité avait été plus clémente avec Jean-Joseph Cassanéa de Mondonville, il serait impossible d’être Lillois aujourd’hui sans se prosterner devant les Grands Motets qu’il a composés pendant son séjour dans notre capitale des Flandres. Le tricentenaire de sa naissance est l’occasion de célébrer la grandeur frémissante de sa musique sacrée, dans un programme où il est associé à son immense contemporain Jean-Philippe Rameau. La musique des deux compositeurs a souvent fait l’objet de comparaisons, comme en témoignent ces vers publiés dans le Chansonnier en 1750 :
« Entre Mondonville et Rameau
Voici la différence en beau ;
L’un par trop de savoir étonne l’ignorant,
Force le connoisseur d’admirer son talent ;
L’autre, moins recherché, mais plus aimable Orphée,
En flattant l’auditeur le met à sa portée. »
Sous-tendue par une recherche constante d’harmonie et d’équilibre, la musique de Mondonville n’a certes pas la prodigieuse audace de Rameau, mais ses Grands Motets, dits Motets de Lille, sont des plus inspirés. Inscrits dans l’esprit du « Grand Siècle », ils opèrent une remarquable synthèse d’influences avec une densité d’écriture et une modernité élégamment affirmées selon le bon goût de l’époque. Leur texture vocale admirablement polyphonique est du pain béni pour Emmanuelle Haïm. Les solistes exceptionnels qu’elle a réunis pour l’occasion, la parfaite cohésion du chœur et les splendides couleurs orchestrales du Concert d’Astrée offrent les meilleures conditions pour redécouvrir Mondonville… mais aussi Rameau.
Jean-Philippe Rameau (1683-1764)
Quam dilecta
Deus noster refugium
Jean-Joseph Cassanéa de Mondonville (1711-1772)
Sonates en symphonie op. 3 : Sonata prima
Dominus regnavit (Motet de Lille)
Emmanuelle Haïm direction musicale
Jaël Azzaretti dessus
James Gilchrist haute-contre
Marc Mauillon taille
Alain Buet basse
Orchestre et Chœur du Concert d’Astrée
Le Concert d’Astrée est en résidence à l’Opéra de Lille.
Mécénat Musical Société Générale est le mécène principal du Concert d’Astrée