opéra de lille

Des soixante-treize opéras que Donizetti nous a laissés, L’Elisir d’amore est de ceux qui, avec Lucia di Lammermoor, ont assuré la pérennité de ce grand compositeur déraisonnablement productif. Comédie douce-amère rondement composée, L’Elisir assume pleinement sa vocation divertissante. Amoureux transi de la riche et capricieuse fermière Adina, le jeune Nemorino ne fait pas le poids face au fringant sergent Belcore. Celui-ci a sorti la grosse artillerie pour emporter le beau cœur d’Adina : bouquet de fleurs en-veux-tu-en-voilà, déclaration enflammée et demande en mariage express. Le soupirant éconduit tente alors de forcer le destin en achetant à un charlatan ambulant un philtre d’amour (produit dans les vignobles bordelais)…

Au-delà de la truculence des situations, l’efficacité comique de ce canevas repose sur un harmonieux mélange de farce et de touches plus sentimentales qui fait toute la richesse de la partition. L’entrain donizettien – cette légère ébriété teintée de mélancolie – bénéficie de chanteurs internationaux aussi à l’aise avec la vigueur du belcanto qu’avec les finesses du chant romantique.
Ces jeux de nuances seront à l’œuvre sur scène grâce également à l’attention que porte Richard Brunel à la construction psychologique des personnages et dans la fosse où la délicate musicalité mozartienne de l’Orchestre de Picardie sera entre les mains du chef milanais Antonello Allemandi. Autant dire que tous les ingrédients sont réunis pour que cet Elisir fasse des miracles.