opéra de lille

Un grand quatuor est bien plus que l’addition de qualités individuelles exceptionnelles. A chaque concert, le Quatuor Diotima réalise cette osmose fragile et parfaite entre de fortes personnalités musicales qui parviennent à donner le meilleur d’elles-mêmes en restant toujours à l’écoute les unes des autres. Cette émulation collective leur permet de façonner une texture sonore bien à eux dont ils prennent plaisir à explorer toutes les nuances en s’intéressant principalement au répertoire des XX^e et XXI^e siècles.

Avec le Quatuor Diotima, Sandrine Piau prête son timbre délicat au Second Quatuor de Schoenberg, pièce maîtresse qui met en jeu les plus cruciales questions soulevées par la rencontre du verbe et des cordes. Il faut une artiste de son niveau pour que le chant puisse pleinement révéler la voix qui demeure silencieuse sous le jeu du quatuor. Convaincue qu’une « voix ne se définit que par ce qu’il y a autour », la soprano française porte en elle cet amour particulier du mot, de la note, du phrasé, de la ligne et de l’articulation avec un ensemble. En réunissant des œuvres de Schoenberg, Berg et Webern, ce programme se déploie comme un panorama en trois volets dédié aux grandes inventions musicales que Vienne a connues au début du XX^e siècle. Mus par une admiration réciproque, les trois compositeurs ont impulsé une formidable école de quatuors à cordes. La richesse de leur musique fait éclore de nouveaux mondes.

Comme Arnold Schoenberg l’a noté dans la préface des Six Bagatelles pour quatuor à cordes de son élève Anton Webern : « Chaque regard peut s’étendre en un poème, chaque soupir en un roman ».