C’est une chose passionnante de suivre l’évolution artistique d’un quatuor à cordes. Pour annoncer il y a deux ans leur premier concert à l’Opéra de Lille, le texte de la brochure de saison insistait sur la fulgurante ascension des jeunes musiciens du Quatuor Ebène. Aujourd’hui, la resplendissante maturité de leur virtuosité mériterait assurément d’être mise en exergue.
Après avoir produit l’effet d’une bouffée d’air frais dans le monde de la musique de chambre, « les Ébène » sont en train d’imposer leur propre vision des chefs-d’œuvre du répertoire. Il faut leur finesse mélodique hors du commun pour illuminer le classicisme souverain de Brahms et la férocité des accents folklorisants qui émaillent le Deuxième quatuor que Prokofiev a composé alors qu’il était en exil forcé au fin fond du Caucase. Le Deuxième quatuor de Borodine est quant à lui pleinement sous l’influence de la tradition mélodique russe. Tout en nuances et en demi-teintes, ses mouvements sont néanmoins traversés par de grands élans lyriques. Dédiée à la femme du compositeur, l’œuvre fait écho, vingt ans après, au souvenir ému de leurs premières rencontres. Le fameux Notturno correspondrait d’ailleurs à une déclaration d’amour assortie d’une demande en mariage. Ce détail biographique explique en tout cas l’irrépressible sentiment de bonheur que provoque cet opus de Borodine.
Alexandre Borodine (1833-1887)
Quatuor n° 2
Serge Prokofiev (1891-1953)
Quatuor n° 1 en si mineur op. 50
Johannes Brahms (1833-1897)
Quatuor n° 2 en la mineur op. 51
Avec
Quatuor Ebène
Pierre Colombet violon
Gabriel Le Magadure violon
Mathieu Herzog alto
Raphaël Merlin violoncelle
Avec le parrainage du Crédit du Nord